Comme beaucoup, j’ai été confrontée au tabagisme chez les jeunes. Fort heureusement, j’ai arrêté de fumer avant même d’avoir commencé. Mais, vous demandez-vous sans doute, si je n’ai pas commencé, je n’avais pas à m’arrêter ?
Cela, c’était il y a bien longtemps.
Du haut de mes 16 ans, en classe de seconde, j’étais plutôt genre « Sainte nitouche ». Il faut dire que j’arrivais d’un petit village en pleine campagne. Et l’internat au lycée me faisait côtoyer des jeunes filles fières d’avoir la cigarette à la bouche.
A chacune de leurs propositions, je refusais.
Bien sûr, plus les semaines passaient, plus mes refus m’attiraient leurs moqueries. Elles ne désespéraient pas, cependant, de me voir griller ma première cigarette. Et chaque jour je devais faire face à leur insistance. Mais je tenais bon. Et je savais pourquoi. Dans ma famille personne ne fumait, ni mes frères, ni mes parents. Enfin personne ! Seul mon grand-père, que j’affectionnais et qui habitait la maison voisine à la nôtre, « chiquait » son tabac roulé du matin au soir.
Mais un samedi, en revenant de l’internat, j’appris la triste nouvelle. Mon grand-père était atteint d’un cancer des poumons. Trois plus tard, il s’en allait. C’est ainsi que je me suis promise, ce jour-là, que je ne fumerai jamais.
Et je tenais bon.
On pouvait bien se moquer de moi. Jusqu’au jour….Où notre bande de filles s’est mise à côtoyer un groupe de garçons qui arboraient fièrement leur cigarette et dans lequel se trouvait un beau brun, Francesco.
Tout de suite, il me « tapa dans l’œil ».
Alors, bien sûr, je lui faisais les « yeux doux ». Mais il ne semblait pas s’intéresser à moi. Et puis, un jour, dans la cour, alors que je refusais une nouvelle fois de prendre une cigarette, mes camarades se sont moquées encore plus ouvertement de moi et ceci…devant le beau brun que je convoitais et que je tentais désespérément d’intéresser.
Et « cerise sur le gâteau », le beau brun me nargua en lançant à la cantonade « C’est encore une gamine ».
Alors que j’étais submergée de colère, je devins écarlate de honte. Une pensée me traversa alors l’esprit. J’allais être exclue du groupe et je serais la risée de tout le lycée. Ni une ni deux, j’ai alors arraché le paquet de cigarettes des mains d’une camarade de ma classe en pensant « je vais te faire voir si je suis une gamine ».
D’un geste assuré, j’ai porté une cigarette à ma bouche. Le beau brun a sorti un briquet de sa poche, l’a allumé et approché de ma cigarette.
La classe ! Enfin pour lui.
Pas pour moi car je n’arrivais à l’allumer. « Aspire » me disaient mes camarades. Alors j’ai aspiré et….
Je me suis mise à toussoter ce qui provoqua une montagne de rires, autant du côté des filles que de celui des garçons. Piquée au vif, la cigarette enfin allumée, très fière de moi, je tirais enfin ma première bouffée. J’entrais dans la cour des grands. Mais hélas, les rires continuèrent. « Avale la fumée » me dit le beau brun d’un ton ferme.
Euh ! Comment avale-t’on la fumée me suis-je demandé ?
Du coin de l’œil, je les ai épiés et j’ai tenté de les imiter. Une odeur âcre m’envahit alors la gorge et les poumons ce qui me déclencha une quinte de toux mémorable qui semblait ne plus vouloir cesser.
Et plus je toussais, plus je m’étouffais.
Et plus je m’étouffais, plus j’avais la gorge et les poumons en feu avec la sensation qu’ils allaient exploser. Et plus les autres se moquaient de moi. J’aurai pu insister si, à ce moment-là, le souvenir de mon grand-père que j’avais tant entendu tousser, ne se rappelle à moi.
Alors, je les ai tous regardés d’un air dédaigneux. Et d’un geste stoïque, j’ai jeté la cigarette au sol, je l’ai écrasé du bout de mes pieds. Et j’ai tourné les talons, fière de moi, fière d’arrêter de fumer avant même d’avoir vraiment commencé. Je disais Adieu au beau brun. Et au groupe. Qu’importe !
Aujourd’hui, je ne regrette rien.
Je suis même heureuse de cette initiation ratée au tabagisme car sans cela, je serai très certainement devenue fumeuse pour faire comme les autres, pour faire partie du groupe.
Depuis, je suis devenue praticienne en hypnose et thérapie vibratoire informationnelle et experte dans l’arrêt du tabac, et je remercie chaque jour cette toux gigantesque. Elle m’a faite passée pour une « gourde », rejetée du groupe mais elle m’a très certainement préservée de bien des problèmes de santé occasionnés par le tabagisme.
Et vous, comment avez-vous commencé de fumer ?